Je suis née un 11 octobre, il y a 54 ans, à Laxou en Lorraine, d'une mère française et d'un père marocain. Mais ma véritable naissance a commencé à 35 ans quand je suis tombée en dépression.
Mon histoire de femme a démarré dans la souffrance. A l'âge de 11 ans, à l'arrivée de mes lunes (mes règles), j'ai été hospitalisée. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris que mon corps me disait combien c'était douloureux pour moi de devenir une femme. J'ai été mise sous pilule dès ce jeune âge pour m'éviter de ressentir chaque mois la souffrance d'être une femme.
Mon adolescence a été intérieurement douloureuse. Difficile de pouvoir laisser la femme grandir et s'épanouir quand cette énergie vitale est bloquée et rejetée par les conditionnements, les blessures et les tabous familiaux.
Et "logiquement", la femme réprimée en moi s'est construite de belles cuirasses !
Pour "sur-vivre", j'ai enterré toutes les parties sensibles sensuelles et intuitives de mon essence profonde.
J'ai endossé le masque de la femme forte, de la combattante qui allait réussir dans la vie grâce à son courage, son intelligence et sa force de travail.
J'ai travaillé dur pour réussir le concours d'entrée à l'école HEC et jusqu'à 35 ans, j'ai dédié ma vie au travail, progressant dans la hiérarchie de grandes entreprises internationales.
La vie est merveilleusement cocasse !
Elle m'avait déjà envoyé plein de signes pour me dire que mon véritable sujet de travail, c'était la rencontre avec mon féminin. Tous mes jobs étaient reliés à des sujets de femme (collants, cosmétiques, produits minceur et enfants).
Mon dernier poste en entreprise consacrait la puissance de la femme masculine !
J'étais "Madame Nikewomen", porte-parole d'une marque qui a construit l'identité de la femme sportive à son image : une femme "just do it" combative.
Ma vie affective était un désastre. Je cumulais les rencontres avec des hommes en colère, psychologiquement violents. Enfermée dans ma posture de victime et de femme soumise, j'acceptais les maltraitances et les humiliations de ces hommes bourreaux.
Ou bien alors je tombais amoureuse d'hommes qui ne me voyaient pas, qui ne m'aimaient pas ou qui avaient une autre femme dans leur vie. J'étais invisible à leurs yeux.
La croyance gravée en moi à l'époque était que je ne pourrais jamais rencontrer un homme que j'aime et qui m'aime.
Mais la croyance plus profonde "gravée" derrière était que je n'avais pas le droit d'être une femme. C'était trop douloureux, trop dangereux d'être une femme dans sa pleine puissance, libre et sensuelle.
J'espérais désespérément que les hommes reconnaissent la femme en moi, qu'ils découvrent les trésors d'amour qu'il y avait en moi. Ils ne pouvaient pas reconnaître ce qui n'existait pas en moi, ce que moi-même je ne reconnaissais pas.
Des années plus tard, j'ai découvert que ma blessure fondamentale était la blessure de non reconnaissance, de non reconnaissance de la femme et du féminin en moi.
Ma renaissance a commencé quand je me suis écroulée, épuisée par toutes les violences intérieures que je m'infligeais et par toutes les violences extérieures auxquelles "naturellement" la vie me confrontait. Tout mon être était fatigué de relever tous les défis que je me donnais et de lutter contre ma nature profonde douce et sensible.
A 35 ans donc, j'ai démissionné et je suis tombée en dépression profonde.
Mon corps n'a jamais cessé toutes ces années de m'envoyer de multiples signes d'épuisement. Il a crié de plus en plus fort qu'il n'en pouvait plus de subir les violences de la femme guerrière qui ne s'aimait pas et qui s'auto flagellait à longueur de journée. Je vous épargne les détails de toutes les cassures et douleurs de mon corps, mais clairement le "mal-a-die". Il m'a fallu du temps pour entendre ses messages et pour faire de la place à ce féminin doux, sensible et bienveillant en moi.
Mon corps, ce messager de l'âme, est aujourd'hui mon guide spirituel. Il sait tout, il contient tout, il est le messager d'une sagesse ancestrale et universelle. Il "encorpore" tout, nos blessures, nos ombres, nos lumières, notre essence divine. Il recèle en son sein tout notre potentiel de guérison, d'amour et de joie.
Je suis passée par toutes les rages, les colères, les impuissances et les désespoirs. J'en voulais à la terre entière d'être seule, de ne pas rencontrer l'amour, de ne pas être maman, de ne avoir comme tout le monde une "belle petite famille". Je criais à l'injustice.
Je me croyais maudite !
Aujourd'hui, je commence enfin à trouver un espace de paix, de repos intérieur, de joie de vivre et d'être.
Le déclencheur de ma guérison a été la rencontre avec la femme et le féminin en moi. J'ai alors pu commencer à me libérer de cette croyance fondamentale que je ne pouvais pas être une femme. J'ai commencé à sortir de la posture inconsciente de femme victime, soumise, blessée inscrite dans les cellules de mon corps et de ma psyché.
Cette rencontre avec mon féminin intérieur a tout changé. J'étais revenue chez moi, "dans ma maison", je goûtais à un espace intérieur de tendresse si doux et si apaisant.
La relation à "moi-m'aime" s'est métamorphosée et mes relations avec les hommes ont commencé à se transformer.
Je n'ai pas encore aujourd'hui rencontré mon compagnon de cœur, mais je peux aujourd'hui accueillir "en mon sein" un homme tendre et aimant.
Je peux rentrer sans peur et sans cuirasse, avec ma puissance, ma sensibilité et ma vulnérabilité dans cet espace si vibrant qu'est l'amour de couple.
Dans cette traversée, j'ai été accompagnée par de multiples praticiens de la relation d'aide. J'ai fait de nombreux séminaires de développement personnel et spirituel. Le travail fait avec chacun d'eux a je le sais, semé en moi de multiples graines de guérison.
Mais sur mon chemin de libération, les rencontres avec les personnes ou les pratiques dont je vais vous parler ont été déterminantes. Elles m'ont permises de franchir des seuils importants de transformation et de guérison intérieure.
C'est pourquoi il me tient à cœur de vous les partager toutes !
Je remercie chaque jour la Vie d'avoir mis Juliette Compagnion sur mon chemin. C'est une femme de lumière, une accompagnante d'une grande profondeur spirituelle. Elle m'a offert le cadeau le plus précieux, celui d'avoir posé sur moi un regard d'amour inconditionnel. Pour la première fois, quelqu'un m'accueillait et m'acceptait comme j'étais.
Elle a vu et entendu que derrière ma rage, mes pleurs et mes désespoirs, il y a avait une grande énergie vitale, une puissante force de vie qui ne demandait qu'à s'épanouir.
En accueillant avec douceur, amour et profondeur toutes mes parts blessées, elle m'a aidé à me libérer de la vision d'échec de ma vie et de ma posture de victime autodestructrice. Elle a ouvert le chemin de ma guérison et de la réinvention de ma vie.
Je lui en serai éternellement reconnaissante. C'est aujourd'hui, une de mes amies les plus chères et une gardienne de qui je suis.
Grâce à elle, je sais que le plus précieux dans mon métier, c'est ce regard d'amour inconditionnel, c'est ma posture d'accueil et de reliance douce et tendre avec la personne que j'accompagne.
Juliette se consacre aujourd'hui à un magnifique projet auquel elle donne vie avec son mari et un ami, Le Phare, un lieu de culture de l'être et de sagesse collective au cœur de Paris.
Puis, la méditation a croisé ma route.
J'étais à l'époque bloquée par une hernie discale, la deuxième en cinq ans !
Mon corps "m'empêchait de faire". Il me disait clairement qu'il était temps d'apprendre à ne rien faire !
Avec la méditation, je suis rentrée en connexion avec ma maison intérieure. J'ai rencontré un espace profond, doux et aimant. J'ai pu entendre de l'intérieur mes peurs, mes blessures, mes vulnérabilités et accueillir "ma Dame de fer" avec beaucoup de douceur et de bienveillance.
Lors de ma première retraite de méditation, le troisième jour, mon cou, ma tête, ma colonne vertébrale criaient de douleur. J'étais à deux doigts de quitter le séminaire et là, mon corps m'a offert un véritable moment de grâce.
Les larmes se sont mises à couler, des larmes pleines, chaudes venant de très loin.
Et comme par miracle, dans ces larmes toutes les douleurs de mon corps se sont instantanément dissoutes. Mon corps venait enfin de commencer à lâcher les cuirasses qui l'emprisonnaient.
Le besoin profond de me nourrir intérieurement de paix, de bienveillance et d'amour m'a guidée vers la Communication NonViolente.
J'ai commencé par "dévorer" les vidéos d'Isabelle Padovani, puis celles de Marshall Rosenberg, le père de la Communication NonViolente.
J'ai très vite commencé à me former. Et je ne suis pas prête d'arrêter tant il me reste de chemin à parcourir pour incarner pleinement cette pratique dans mon quotidien.
J'ai découvert un nouvel espace relationnel authentique et empathique, connecté à mes émotions et à mes besoins.
Ce qui a été le plus "renversant" pour moi, c'est d'avoir réalisé que mes parts critiques et jugeantes n'étaient que "l'expression tragique de mes besoins insatisfaits" (comme le dit si bien Marshall Rosenberg).
Sortir de ma posture accusatrice et prendre la pleine responsabilité de mes émotions douloureuses et de mes besoins est un renversement abyssal de posture intérieure !
J'ai commencé aussi à "ouvrir mes oreilles de girafe" pour entendre derrière les critiques et les jugements des autres leurs besoins insatisfaits. Cela me permet dans des situations relationnelles difficiles de trouver en moi un espace de reliance par le cœur.
Cette pratique m'a aussi aidée à poser avec bienveillance et fermeté des limites et à prendre de la distance avec les personnes qui ne peuvent pas entendre ou nourrir mes besoins fondamentaux.
La recherche de pratiques corporelles pouvant aider mon corps à se libérer de ses tensions et de ses crispations m'a conduite vers la Danse des 5 Rythmes®.
La découverte de cette pratique de danse libre en conscience, crée par Gabrielle Roth, fut pour moi une transe libératrice.
Sur les "dance floor", mon corps s'est libéré, mon corps a exulté. La danse a été pour moi un véritable chemin de libération intérieure, de retrouvailles avec ma nature féminine profonde, de connexion à ma joie et à ma jouissance d'être.
La femme en moi s'est révélée : belle, libre, souple, douce, tendre, délicate, chaleureuse, sensuelle, explosive, lascive, sauvage, puissante, poétique et spirituelle.
La Belle au Bois Dormant s'est réveillée dans cette transe, dans cette relation profonde et sacrée à mon corps, à mon cœur, à mon âme.
Si nous pouvons nous laisser traverser par la danse, nous pouvons ressentir au coeur de notre corps, de notre souffle, notre essence profonde, cette partie de nous totalement libre, pleine, vivante et créative.
Je célèbre et je remercie tous les enseignants de cette belle pratique qui m'apporte tant.
Chaque matin (enfin presque !) je médite et je danse.
Je m'ouvre à la vie, à cette nouvelle journée en me posant en moi, en m'offrant un espace intérieur d'accueil tendre et empathique, à l'écoute de mes émotions du jour.
Puis je déplie et déploie mes ailes pour rentrer dans le mouvement, pour rentrer dans ma danse du jour avec la vie.
Sur mon chemin de libération, ma dernière rencontre puissante (à ce jour du moins !), a été la découverte de la méthode IT© (Images de Transformation) créée par Marie Lise Labonté et Nicolas Bornemisza.
Elle nous invite à un dialogue profond avec notre inconscient, avec nos images intérieures, en séance avec un accompagnant, et tous les jours (ou toutes les nuits plutôt!), à l'écoute de nos rêves.
Cette approche est reliée à la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung.
Je peux témoigner qu'elle nous guide vraiment sur notre chemin d'individuation.
En démarrant la formation et en entamant ce travail thérapeutique, je n'imaginais pas le nouveau "saut quantique" que j'allais faire dans ma vie !
J'ai plongé encore plus profond dans mon monde intérieur. J'ai entamé une nouvelle traversée.
J'ai rencontré des désespoirs, des impuissances, des colères, des rages qui étaient profondément refoulés et enterrés sous de puissantes protections.
J'ai découvert de nouvelles parts blessées, tout un "sandwich de blessures" (comme le dit Marie Lise), toutes reliées à ma féminité "entravée" : blessures de trahison, blessure d'oedipe non résolue et faille narcissique.
J'étais en chaos total.
Et au fil du processus de transformation dans lequel nous guide la démarche, comme une esclave se libérant de ses chaînes, mes puissantes forces d'inhibitions intérieures ont explosé.
Une force de vie, un élan vital, une sensation de liberté infinie m'ont envahie.
Je reste totalement émerveillée de la puissance libératrice et créatrice de cette rencontre avec mon inconscient.
J'ai pris la décision de fermer Belle Mine, la société de conseil en innovation et créativité auprès des entreprises que j'avais créée 8 ans auparavant.
Je me suis dépouillée de "tout l'ancien", de mes anciens vêtements, de mes anciennes affaires, de mes anciens lieux de vie, de toutes mes vieilles "valises".
En 2016, je décide de vivre mon rêve, et de me consacrer pleinement à l’accompagnement thérapeutique avec les Images de Transformation IT©. Je poursuis ma formation sur les rêves avec Jean Gagliardi et depuis 2019, j'accompagne avec son approche de l’écoute intérieure des rêves.
Et la vie, c’est tout ce qu’il se passe en dehors de ce que l’on avait prévu ! En juin 2020, ma propriétaire m’annonce qu’elle vend l’appartement où j’habitais et exerçais mes activités de thérapeute.
Ma petite voix intérieure me dit de suite de quitter Paris et d’aller vivre à La Rochelle. Et au fil de mes danses à la plage de La Concurrence au pied de chez moi prend vie l’envie d'accompagner par la danse. A côté de mes activités de thérapeute, je crée une nouvelle activité de Danse Libre Expressive.
Jour après jour, je danse la vie dans la quête d'un équilibre fluide et dynamique entre mes polarités pas toujours simple à harmoniser, entre la femme solaire entreprenante, intelligente, enthousiaste, puissante, vive, rapide et la femme lunaire sensible, réceptive, intuitive, lente, vulnérable et tendre.
Je danse la vie en me reliant à mes parts de lumière, mais aussi en découvrant et en traversant mes parts d'ombre plus sombres.
Je danse la vie en savourant les moments de croissance, d'évolution et en accueillant avec patience et empathie les moments plus difficiles de chaos, de stagnation ou d'involution.
Je danse ma vie reliée à mes émotions, à mon intuition, à mon corps de ressentis, à l'écoute des messages de mon inconscient et de mon âme, heureuse de pouvoir chaque jour me rapprocher de qui je suis et de pouvoir offrir ma joie de vivre, ma liberté, ma vulnérabilité, mon authenticité et ma tendresse à toutes celles et tous ceux qui sont sur mon chemin de vie.